5/29/2006

Le Barde

Cet été, je prends un cours de 6 crédits (c'est-à-dire, du 8 mai du 17 août). 2 fois par semaine, je vais à l'université avec une grosse brique de 2000 pages contenant l'oeuvre complète de Shakespeare - théâtre ET poésie.

Pour ceux dont le seul contact avec le Barde est le film avec Leonardo di Caprio, ce que je vais raconter risque de vous ennuyer.

Même après une année complète d'études en anglais, Shakespeare reste un défi pour moi. C'est pourquoi je l'ai pris en cours d'été: au moins, je n'ai que ça à lire - théoriquement. La difficulté réside surtout dans la richesse du vocabulaire et tous les double-sens des mots, qu'il utilise au maximum. Le théâtre est aussi un peu plus difficile à cerner que la prose: le lecteur doit déduire la personnalité des personnages par leurs actions et leurs paroles, et non à travers la description d'un narrateur qui, souvent, vient à la rescousse pour démêler des situations complexes.

Évidemment, le fait que je sois francophone ne m'aide pas pour comprendre les jeux de mots qui parsèment les pièces. Je suis capable de voir la répétition d'un certain mot, d'un certain thème, mais de là à en comprendre tous les sens, je suis loin derrière les autres.

Il y a aussi la différence entre la structure poétique française et anglaise. En français, tout le monde connaît le classique alexandrin, vers de douze pieds utilisé surtout pour le sonnet. Les anglophones utlisent plutôt ce qu'ils appellent iambic pentameter, qui se compose d'un vers de 5 couples de syllabes (donc dix pieds) dans une structure inaccentuée (unstressed) / accentuée (stressed).

Tout cela peut sembler un peu ésotérique pour le non-initié - ce fut exactement ma réaction à mon premier contact analystique avec la poésie anglophone. Pour moi, il ne suffisait que de compter les syllabes; en français, ce n'est pas l'accentuation mais la longueur de la syllabe qui compte.

Shakespeare, dans toute sa complexité et son extravagance, n'est apprécié à son maximum seulement lorsque lu en anglais. Évidemment, quelque chose est toujours perdu en traduction; c'est ce désir de comprendre la source, l'original, la pensée derrière l'oeuvre anglo-saxonne qui m'a poussée à étudier la littérature anglaise. Pas que la littérature française me répugne, au contraire; mais, pour moi, la structure de l'anglais est fascinante lorsqu'utilisée en littérature. Alors que le français est une langue poétique, précise, riche et complexe, je suis fascinée par cette capacité de l'anglais d'aller droit au but, sans toutes les circonvolutions dont les auteurs francophones font usage.

Pourtant, la richesse de l'oeuvre de Shakespeare me pousse à remettre en question cette analyse: pour tourner autour du pot, il se fait difficilement mieux qu'une pièce shakespearienne.

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5/26/2006

Premier contact

Je ne suis pas nouvelle au domaine des blogues. J'en tiens un depuis environ 3 ans, sur un autre site. Dans cet autre blogue, je passe mon temps à me plaindre de ma vie, et quelques fois à parler de ce qui me rend heureuse.

Mais je ne parlerai pas de lui sur ce nouveau blogue, puisque de toute façon, je tente de faire quelque chose de complètement différent ici.

Comme le dit la description juste à droite de votre écran, je me présente ici comme francophone anglophile. Peut-être vais-je déclencher des polémiques avec mon opinion sur l'état du français au Québec, sur le rôle de l'anglais dans ma vie, sur (je crois) la possibilité pour les deux solitudes de vivre dans une harmonie jamais atteinte depuis 1769; c'est mon but un peu inavoué, peut-être pour justifier mon amour de l'anglais à tous ces Québécois francophones un peu intégristes qui croient que la seule façon de sauver une culture est de la replier sur elle-même.

Un peu d'information d'arrière-plan sur moi: je suis une Montréalaise de 23 ans, élevée sur la Rive-Sud dans un environnement totalement francophone. Mère montréalaise, père qui vient de la campagne; aucune ascendance anglophone d'un côté ou de l'autre. J'ai un frère qui fait des études en ingéniérie. Moi, je vais dans une université anglophone (il y en a seulement deux dans la ville, faites votre choix!) pour faire un baccalauréat Honneurs en littérature anglaise avec une mineure en humanités (ce que les anglos appellent liberal arts).

Évidemment, j'adore les livres. Je lis depuis que... j'ai appris à lire (quel pléonasme!!!). Déjà au primaire je lisais plus, plus vite et mieux qu'à peu près tout le monde dans ma classe. Il faut aussi ajouter que j'écrivais de plus longs textes avec moins de fautes que tout le monde également. J'étais citée en exemple et lue en classe pour la qualité de mes textes. Très tôt je me suis intéressée à la science-fiction et au fantasy - je lisais tout ce qui m'était recommandé. Pour faire une histoire courte, à l'âge de 17 ans, j'avais lu Tolkien, Asimov, Herbert, Simmons, et une pléiade d'autres. Je lisais dans mes cours (mes professeurs ne disaient rien puisque j'avais 95% de moyenne), dans les couloirs le midi, dans l'autobus, les soirs, la fin de semaine. Je lisais partout, tout le temps. Les mots sont devenus mon monde, les livres mon univers.

Mon histoire d'amour avec l'anglais s'est présentée un peu plus tard que celle avec les livres. J'ai commencé à l'apprendre, comme tout le monde, en 4e année. Je n'étais pas particulièrement meilleure que les autres - jusqu'au secondaire. Vers l'âge de 13 ans, Internet est apparu dans mon environnement. Je me suis prise d'un intérêt pour le clavardage. J'ai clavardé en anglais depuis le tout début. Dès ce moment, la qualité de mon anglais est montée au-dessus de celle de mes camarades de classe. En 4e secondaire, on m'a offert de passer l'examen final de 5e secondaire pour que je n'aie pas à faire cette dernière année d'anglais; j'ai refusé, expliquant que je voulais avoir toutes les chances d'avoir la moyenne générale la plus haute possible. Ce fut un excellent choix, puisque ma note finale en 5e secondaire tournait autour de 99%.

De mauvais choix en mauvaise orientation, entre l'âge de 17 et 21 ans, j'ai perdu mon temps au cégep. Je m'étais engagée dans le domaine administratif; j'avais des notes plutôt moyennes, et un intérêt plutôt mitigé. Une première technique abandonnée en 2002, une seconde arrêtée en 2004 pour débuter l'université quand j'ai atteint l'âge de 21 ans.

Je détiens un certificat en sciences sociales décerné par l'UQAM. Ce n'est pas un gros diplôme - en fait, il ne sert à rien d'autre qu'à accumuler des crédits pour éventuellement entrer dans un baccalauréat. Mon entrée en littérature anglaise est plutôt un concours de circonstances. Je visais, au départ, un diplôme en traduction. Puisque je ne pouvais pas être admise à l'UdeM avant l'hiver 2006, j'ai regardé du côté des universités anglophones - une d'entre elles me permettait d'entrer tout de suite en septembre 2005. À la dernière minute, j'ai décidé de changer ma demande de traduction à littérature anglaise. Cette décision fut la plus importante, et la meilleure, que j'ai pu prendre dans ma courte vie.

Sur ce, ce post s'allonge inutilement; j'aurai l'occasion de donner plus de détails dans des messages subséquents.

Signé: La Franglaise

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