6/16/2006

Ambitions

Cette semaine a été plutôt tranquille au travail, et je me surprend à passer mes après-midis sur les sites Web des universités privées américaines, comme Cornell, Stanford, Columbia, Yale.

J'ai un problème avec l'attitude de mes proches francophones qui tentent de me décourager. Voici une liste de leurs plaintes:

1. Ça coûte bien trop cher. Vous saurez, mesdames et messieurs, que la majorité des grad schools américaines subventionnent à 100% leurs étudiants aux programmes de maîtrise/doctorat. Cela comprend les frais de scolarité, les frais afférents et une allocation (soit en forme de bourse ou par l'octroi de postes d'assistants d'enseignement ou de recherche). De plus, le gouvernement canadien donne des subventions à la recherche, et il y a toujours, dans le pire des cas, le programme de prêts et bourses de la province qui peut fournir un peu également.

2. Tu ne réussiras jamais à être admise! La compétition est bien trop forte. Un petit résumé de mes capacités académiques: ma première année universitaire, à l'UQAM: 4.0 de moyenne. J'étais intéressée, mais pas tant que ça; et puis, la grève est venue foutre en l'air bien des chances d'avoir de meilleures notes. Je n'avais d'ailleurs jamais étudié les sciences humaines; malgré que, j'avoue, l'UQAM n'a pas les standards les plus hauts pour ce qui est de la qualité du travail. Donc, premier vrai test de mes capacités, l'université anglophone que je fréquente. Littérature (que je n'avais JAMAIS étudié de ma sainte vie lorsque j'ai commencé) et liberal arts (l'un des programmes les plus exigeants du département).

De plus, je n'ai jamais étudié en anglais. Il y a une sacrée différence entre avoir une conversation dans le cadre d'un travail et être capable d'écrire dans un anglais académique avancé. Verdict: j'ai terminé ma première année avec une moyenne de 3.91 - particulièrement en liberal arts, je n'ai eu que des A. Sur mes quatre cours du département de littérature, j'ai eu 1 A et 3 A-. D'accord, je l'admets, plusieurs étudiants ont ce genre de résultats et ne sont pourtant pas admis dans les grandes universités. Je vais citer une lettre d'une de mes professeures que j'ai envoyée pour parler dans une conférence: "(mon nom) is an outstanding student. She was unanimously chosen as the winner of our freshman essay competition at the Liberal Arts College ... (and it is hard to get seven professors to agree on anything) ... She is articulate, inventive and a dedicated student. She wrote a superb final research paper ..." Je suppose mes éventuels lecteurs d'être capables de comprendre ce qui précède.

Peut-être suis-je en train de construire des châteaux dans le ciel. Mais de plus en plus, je crois qu'avec la bonne quantité d'efforts et une bonne relation avec quelques professeurs (et je sais déjà lesquels; ça inclut bien sûr celle citée plus haut), je pourrai faire en sorte d'être, AU MOINS, sérieusement considérée, sinon admise parmis les quelques 10 à 12 élus.

3. C'est loin, tu as encore le temps de changer d'idée. D'ailleurs, tu as changé d'idée tellement souvent dans ta vie... Eh bien. Je ne peux nier que j'ai commencé 2 DEC sans les finir. Mais depuis que j'ai commencé ce que je fais présentement, je n'ai jamais été aussi bien, aussi certaine d'être au bon endroit. J'ai les notes les plus hautes que j'ai eues de toute ma vie, et au lieu de perdre intérêt et de n'être à mes cours que de corps, je suis la plus assidue et la plus participative des étudiantes. Je fais toutes mes lectures, et quand je dis toutes, c'est même si je dois me coucher à 3h du matin pour terminer mes chapitres de la République. J'ai réussi à écrire 3 recherches finales en 3 semaines, en ayant pour notes deux A et un A+. J'aime ce que je fais - et la seule chose qui est maintenant susceptible de changer, c'est mon champ de spécialisation. Mais pas le domaine.


Dites-moi, qu'y a-t-il de mal à être ambitieuse? À croire en ses capacités? À avoir des rêves? Pourquoi ai-je l'impression que toute la société québécoise francophone me juge parce que 1. j'étudie en anglais, oh sacrilège! et que 2. je veux me distinguer de la masse? La médiocrité, l'ordinaire, le moyen ne m'intéressent pas. Je ne veux pas me fondre dans la foule et travailler à 40 000$ par année dans un bureau du centre-ville dans un domaine qui me blase. Je veux brasser des idées, apporter une vision, changer le monde.

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6/06/2006

Enseigner le français

Hier, j'ai aidé ma colocataire Kristy (elle étudie en sociologie mais fait aussi une mineure en français) à écrire un texte narratif dérivé d'une nouvelle de Marcel Aymé. Elle avait les premiers paragraphes, et la fin. Elle devait réécrire le milieu de l'histoire.

C'est toujours pour moi une expérience intéressante de revenir à mes bases de grammaire en français. Si je corrige un mot ou une phrase pour elle, je dois constamment lui expliquer les règles qui s'appliquent. Pour quelqu'un qui n'a pas fait de grammaire de façon significative depuis la fin de son secondaire 5, c'est tout une tâche.

Ce qui est drôle, c'est que mes propres automatismes sont en train de se transférer. Avant, même lorsque j'écrivais en anglais, mon processus de pensée me poussait à formuler l'idée en français au départ. Maintenant, même lorsque j'écris en en français, je formule mes idées en anglais. Écrire en français devient de plus en plus difficile. Mais je dois persévérer, continuer. Mon bilinguisme me sera d'une grande utilité quand je ferai des demandes d'admission pour ma maîtrise/doctorat.

D'ailleurs, Kristy m'a donné un merveilleux compliment: qu'elle apprend plus en une demi-heure avec moi que durant un cours complet de 2h30 à l'université.

Peut-être que je suis faite pour être professeure, après tout.

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