7/30/2006

Snob?

Je soupais avec ma famille hier soir, et nous nous sommes mis à discuter du conflit au Liban. Habituellement quand je suis sur la Rive-Sud, je n'ai pas vraiment de problèmes à passer de mon anglais habituel au français familial. Pourtant, il m'arrive de m'échapper; pas que je fais exprès, mais considérant que mon système de pensée est en train de passer du français à l'anglais, il m'arriver de parler, impulsivement, en anglais devant eux.

Peace and freedom are two totally different concepts. Mon frère s'insurge, dit que mon accent est snob. Quel accent? Quel snob? La pensée m'est venue et je l'ai exprimée, peu importe la langue, non?

Pour eux, lorsque je parle anglais, c'est comme si je les snobais. Ça fait up-nosed.

Quand je parle en français devant mes amis anglos, habituellement, ils ne comprennent pas grand chose; mais jamais ils ne disent que ça me fait passer pour une snob. Je n'ai pas encore le contrôle total de mon utilisation de langages, il m'arrive de m'échapper d'un côté ou de l'autre.

Les anglophones trouvent merveilleux que quelqu'un puisse parler aussi aisément deux langues. Les francophones trouvent ça snob.

Maintenant, je ne me demande plus pourquoi je préfère leur compagnie à celle des Québécois.

Stumble Upon Toolbar

6/16/2006

Ambitions

Cette semaine a été plutôt tranquille au travail, et je me surprend à passer mes après-midis sur les sites Web des universités privées américaines, comme Cornell, Stanford, Columbia, Yale.

J'ai un problème avec l'attitude de mes proches francophones qui tentent de me décourager. Voici une liste de leurs plaintes:

1. Ça coûte bien trop cher. Vous saurez, mesdames et messieurs, que la majorité des grad schools américaines subventionnent à 100% leurs étudiants aux programmes de maîtrise/doctorat. Cela comprend les frais de scolarité, les frais afférents et une allocation (soit en forme de bourse ou par l'octroi de postes d'assistants d'enseignement ou de recherche). De plus, le gouvernement canadien donne des subventions à la recherche, et il y a toujours, dans le pire des cas, le programme de prêts et bourses de la province qui peut fournir un peu également.

2. Tu ne réussiras jamais à être admise! La compétition est bien trop forte. Un petit résumé de mes capacités académiques: ma première année universitaire, à l'UQAM: 4.0 de moyenne. J'étais intéressée, mais pas tant que ça; et puis, la grève est venue foutre en l'air bien des chances d'avoir de meilleures notes. Je n'avais d'ailleurs jamais étudié les sciences humaines; malgré que, j'avoue, l'UQAM n'a pas les standards les plus hauts pour ce qui est de la qualité du travail. Donc, premier vrai test de mes capacités, l'université anglophone que je fréquente. Littérature (que je n'avais JAMAIS étudié de ma sainte vie lorsque j'ai commencé) et liberal arts (l'un des programmes les plus exigeants du département).

De plus, je n'ai jamais étudié en anglais. Il y a une sacrée différence entre avoir une conversation dans le cadre d'un travail et être capable d'écrire dans un anglais académique avancé. Verdict: j'ai terminé ma première année avec une moyenne de 3.91 - particulièrement en liberal arts, je n'ai eu que des A. Sur mes quatre cours du département de littérature, j'ai eu 1 A et 3 A-. D'accord, je l'admets, plusieurs étudiants ont ce genre de résultats et ne sont pourtant pas admis dans les grandes universités. Je vais citer une lettre d'une de mes professeures que j'ai envoyée pour parler dans une conférence: "(mon nom) is an outstanding student. She was unanimously chosen as the winner of our freshman essay competition at the Liberal Arts College ... (and it is hard to get seven professors to agree on anything) ... She is articulate, inventive and a dedicated student. She wrote a superb final research paper ..." Je suppose mes éventuels lecteurs d'être capables de comprendre ce qui précède.

Peut-être suis-je en train de construire des châteaux dans le ciel. Mais de plus en plus, je crois qu'avec la bonne quantité d'efforts et une bonne relation avec quelques professeurs (et je sais déjà lesquels; ça inclut bien sûr celle citée plus haut), je pourrai faire en sorte d'être, AU MOINS, sérieusement considérée, sinon admise parmis les quelques 10 à 12 élus.

3. C'est loin, tu as encore le temps de changer d'idée. D'ailleurs, tu as changé d'idée tellement souvent dans ta vie... Eh bien. Je ne peux nier que j'ai commencé 2 DEC sans les finir. Mais depuis que j'ai commencé ce que je fais présentement, je n'ai jamais été aussi bien, aussi certaine d'être au bon endroit. J'ai les notes les plus hautes que j'ai eues de toute ma vie, et au lieu de perdre intérêt et de n'être à mes cours que de corps, je suis la plus assidue et la plus participative des étudiantes. Je fais toutes mes lectures, et quand je dis toutes, c'est même si je dois me coucher à 3h du matin pour terminer mes chapitres de la République. J'ai réussi à écrire 3 recherches finales en 3 semaines, en ayant pour notes deux A et un A+. J'aime ce que je fais - et la seule chose qui est maintenant susceptible de changer, c'est mon champ de spécialisation. Mais pas le domaine.


Dites-moi, qu'y a-t-il de mal à être ambitieuse? À croire en ses capacités? À avoir des rêves? Pourquoi ai-je l'impression que toute la société québécoise francophone me juge parce que 1. j'étudie en anglais, oh sacrilège! et que 2. je veux me distinguer de la masse? La médiocrité, l'ordinaire, le moyen ne m'intéressent pas. Je ne veux pas me fondre dans la foule et travailler à 40 000$ par année dans un bureau du centre-ville dans un domaine qui me blase. Je veux brasser des idées, apporter une vision, changer le monde.

Stumble Upon Toolbar

6/06/2006

Enseigner le français

Hier, j'ai aidé ma colocataire Kristy (elle étudie en sociologie mais fait aussi une mineure en français) à écrire un texte narratif dérivé d'une nouvelle de Marcel Aymé. Elle avait les premiers paragraphes, et la fin. Elle devait réécrire le milieu de l'histoire.

C'est toujours pour moi une expérience intéressante de revenir à mes bases de grammaire en français. Si je corrige un mot ou une phrase pour elle, je dois constamment lui expliquer les règles qui s'appliquent. Pour quelqu'un qui n'a pas fait de grammaire de façon significative depuis la fin de son secondaire 5, c'est tout une tâche.

Ce qui est drôle, c'est que mes propres automatismes sont en train de se transférer. Avant, même lorsque j'écrivais en anglais, mon processus de pensée me poussait à formuler l'idée en français au départ. Maintenant, même lorsque j'écris en en français, je formule mes idées en anglais. Écrire en français devient de plus en plus difficile. Mais je dois persévérer, continuer. Mon bilinguisme me sera d'une grande utilité quand je ferai des demandes d'admission pour ma maîtrise/doctorat.

D'ailleurs, Kristy m'a donné un merveilleux compliment: qu'elle apprend plus en une demi-heure avec moi que durant un cours complet de 2h30 à l'université.

Peut-être que je suis faite pour être professeure, après tout.

Stumble Upon Toolbar

5/29/2006

Le Barde

Cet été, je prends un cours de 6 crédits (c'est-à-dire, du 8 mai du 17 août). 2 fois par semaine, je vais à l'université avec une grosse brique de 2000 pages contenant l'oeuvre complète de Shakespeare - théâtre ET poésie.

Pour ceux dont le seul contact avec le Barde est le film avec Leonardo di Caprio, ce que je vais raconter risque de vous ennuyer.

Même après une année complète d'études en anglais, Shakespeare reste un défi pour moi. C'est pourquoi je l'ai pris en cours d'été: au moins, je n'ai que ça à lire - théoriquement. La difficulté réside surtout dans la richesse du vocabulaire et tous les double-sens des mots, qu'il utilise au maximum. Le théâtre est aussi un peu plus difficile à cerner que la prose: le lecteur doit déduire la personnalité des personnages par leurs actions et leurs paroles, et non à travers la description d'un narrateur qui, souvent, vient à la rescousse pour démêler des situations complexes.

Évidemment, le fait que je sois francophone ne m'aide pas pour comprendre les jeux de mots qui parsèment les pièces. Je suis capable de voir la répétition d'un certain mot, d'un certain thème, mais de là à en comprendre tous les sens, je suis loin derrière les autres.

Il y a aussi la différence entre la structure poétique française et anglaise. En français, tout le monde connaît le classique alexandrin, vers de douze pieds utilisé surtout pour le sonnet. Les anglophones utlisent plutôt ce qu'ils appellent iambic pentameter, qui se compose d'un vers de 5 couples de syllabes (donc dix pieds) dans une structure inaccentuée (unstressed) / accentuée (stressed).

Tout cela peut sembler un peu ésotérique pour le non-initié - ce fut exactement ma réaction à mon premier contact analystique avec la poésie anglophone. Pour moi, il ne suffisait que de compter les syllabes; en français, ce n'est pas l'accentuation mais la longueur de la syllabe qui compte.

Shakespeare, dans toute sa complexité et son extravagance, n'est apprécié à son maximum seulement lorsque lu en anglais. Évidemment, quelque chose est toujours perdu en traduction; c'est ce désir de comprendre la source, l'original, la pensée derrière l'oeuvre anglo-saxonne qui m'a poussée à étudier la littérature anglaise. Pas que la littérature française me répugne, au contraire; mais, pour moi, la structure de l'anglais est fascinante lorsqu'utilisée en littérature. Alors que le français est une langue poétique, précise, riche et complexe, je suis fascinée par cette capacité de l'anglais d'aller droit au but, sans toutes les circonvolutions dont les auteurs francophones font usage.

Pourtant, la richesse de l'oeuvre de Shakespeare me pousse à remettre en question cette analyse: pour tourner autour du pot, il se fait difficilement mieux qu'une pièce shakespearienne.

Stumble Upon Toolbar

5/26/2006

Premier contact

Je ne suis pas nouvelle au domaine des blogues. J'en tiens un depuis environ 3 ans, sur un autre site. Dans cet autre blogue, je passe mon temps à me plaindre de ma vie, et quelques fois à parler de ce qui me rend heureuse.

Mais je ne parlerai pas de lui sur ce nouveau blogue, puisque de toute façon, je tente de faire quelque chose de complètement différent ici.

Comme le dit la description juste à droite de votre écran, je me présente ici comme francophone anglophile. Peut-être vais-je déclencher des polémiques avec mon opinion sur l'état du français au Québec, sur le rôle de l'anglais dans ma vie, sur (je crois) la possibilité pour les deux solitudes de vivre dans une harmonie jamais atteinte depuis 1769; c'est mon but un peu inavoué, peut-être pour justifier mon amour de l'anglais à tous ces Québécois francophones un peu intégristes qui croient que la seule façon de sauver une culture est de la replier sur elle-même.

Un peu d'information d'arrière-plan sur moi: je suis une Montréalaise de 23 ans, élevée sur la Rive-Sud dans un environnement totalement francophone. Mère montréalaise, père qui vient de la campagne; aucune ascendance anglophone d'un côté ou de l'autre. J'ai un frère qui fait des études en ingéniérie. Moi, je vais dans une université anglophone (il y en a seulement deux dans la ville, faites votre choix!) pour faire un baccalauréat Honneurs en littérature anglaise avec une mineure en humanités (ce que les anglos appellent liberal arts).

Évidemment, j'adore les livres. Je lis depuis que... j'ai appris à lire (quel pléonasme!!!). Déjà au primaire je lisais plus, plus vite et mieux qu'à peu près tout le monde dans ma classe. Il faut aussi ajouter que j'écrivais de plus longs textes avec moins de fautes que tout le monde également. J'étais citée en exemple et lue en classe pour la qualité de mes textes. Très tôt je me suis intéressée à la science-fiction et au fantasy - je lisais tout ce qui m'était recommandé. Pour faire une histoire courte, à l'âge de 17 ans, j'avais lu Tolkien, Asimov, Herbert, Simmons, et une pléiade d'autres. Je lisais dans mes cours (mes professeurs ne disaient rien puisque j'avais 95% de moyenne), dans les couloirs le midi, dans l'autobus, les soirs, la fin de semaine. Je lisais partout, tout le temps. Les mots sont devenus mon monde, les livres mon univers.

Mon histoire d'amour avec l'anglais s'est présentée un peu plus tard que celle avec les livres. J'ai commencé à l'apprendre, comme tout le monde, en 4e année. Je n'étais pas particulièrement meilleure que les autres - jusqu'au secondaire. Vers l'âge de 13 ans, Internet est apparu dans mon environnement. Je me suis prise d'un intérêt pour le clavardage. J'ai clavardé en anglais depuis le tout début. Dès ce moment, la qualité de mon anglais est montée au-dessus de celle de mes camarades de classe. En 4e secondaire, on m'a offert de passer l'examen final de 5e secondaire pour que je n'aie pas à faire cette dernière année d'anglais; j'ai refusé, expliquant que je voulais avoir toutes les chances d'avoir la moyenne générale la plus haute possible. Ce fut un excellent choix, puisque ma note finale en 5e secondaire tournait autour de 99%.

De mauvais choix en mauvaise orientation, entre l'âge de 17 et 21 ans, j'ai perdu mon temps au cégep. Je m'étais engagée dans le domaine administratif; j'avais des notes plutôt moyennes, et un intérêt plutôt mitigé. Une première technique abandonnée en 2002, une seconde arrêtée en 2004 pour débuter l'université quand j'ai atteint l'âge de 21 ans.

Je détiens un certificat en sciences sociales décerné par l'UQAM. Ce n'est pas un gros diplôme - en fait, il ne sert à rien d'autre qu'à accumuler des crédits pour éventuellement entrer dans un baccalauréat. Mon entrée en littérature anglaise est plutôt un concours de circonstances. Je visais, au départ, un diplôme en traduction. Puisque je ne pouvais pas être admise à l'UdeM avant l'hiver 2006, j'ai regardé du côté des universités anglophones - une d'entre elles me permettait d'entrer tout de suite en septembre 2005. À la dernière minute, j'ai décidé de changer ma demande de traduction à littérature anglaise. Cette décision fut la plus importante, et la meilleure, que j'ai pu prendre dans ma courte vie.

Sur ce, ce post s'allonge inutilement; j'aurai l'occasion de donner plus de détails dans des messages subséquents.

Signé: La Franglaise

Stumble Upon Toolbar