Comme j'ouvre la première page de Heart of Darkness, de Joseph Conrad, je lis ceci:
Joseph Conrad, christened Josèf Teodor Konrad Nalecz Korzeniowski, was born on December 3, 1857, in a part of Russia that had once belonged to Poland.
"Eh bien, une autre traduction", me suis-je dit, en me demandant en fait pourquoi ce texte fait habituellement partie des cours de base de littérature anglaise, également de ceux qui sont concernés par les théories post-coloniales. Pourquoi un auteur polonais aurait droit à cet honneur?
On répond à mes questions plus bas sur la page:
The man who was twenty-one years old before he spoke a word of English is now regarded as one of the superb English stylists of all time.
Ving-et-un ans avant d'apprendre la langue, et écrire avec autant de succès un texte aussi influent? Il est vrai que l'anglais n'est pas la langue la plus complexe à apprendre, mais elle aussi a ses mécanismes particuliers (comme toutes les autres, vraiment) qui donnent des maux de tête aux nouveaux convertis.
Ce n'est pourtant pas exclusif à l'anglais, cet intérêt à l'écriture dans une langue étrangère. On peut facilement penser à Samuel Beckett et sa pièce
En attendant Godot.
Quand je réfléchis à mon éventuel projet de roman (encore au stade de "je vais écrire quelque chose, un jour", je me demande dans quelle langue je le ferai. Suite à quelques lectures sur la nouvelle vague des groupes de musique sans langue particulière, comme Arcade Fire, je me demande à quel point cela pourrait s'appliquer à un livre... Si j'écris dans un hybride français/anglais, aurais-je l'attention des deux groupes, ou seulement des francophones en général et des quelques anglophones assez instruits pour être intéressés au français?